Trio ayant derrière lui 2 ep de 3 titres, Johnnie Carwash passe à la vitesse supérieure avec Teenage Ends, premier album à sortir chez Howlin’ Banana par chez nous et Luik Music pour la Belgique. L’opus dégaine onze titres à l’arrache, mélodiques et tapageurs, immédiats, qui sonnent jeunot et bien 90’s. Don’t give a shit, sous ses airs de s’en foutre, bombarde déjà une énergie gicleuse, un sens de la mélodie propre/sale, une urgence qui fait la différence. Son refrain se répète, rentre en tête, ses guitares partent dans un fouillis noisy bonnard. On adhère, il y a derrière ça, de plus, une vigueur punky qui fait dropper le tout. Francis Cosmic, un peu Breeders, surligne à son tour l’aptitude de Johnnie Carwash à faire dans le tubinet indé. On claque une touche de douceur, dans le chant de Jo qui sait, toutefois, faire dans le mutin.
Le titre éponyme, qui tire d’abord profit de cette délicatesse, finit par s’insurger, libérer les décibels et hausser le rythme. Dans le débridé, les trois collègues s’entendent comme larrons en foire. Public toilet, dans un format pop-punk asséné, offre de jolis choeurs. Junk food se dirige vers le Mc Do, haut lieu de l’excellence culinaire, sur des tons pop sautillants. Chez ce type de groupe, il est rare qu’on foire le départ, inconcevable de faire dans le minable. Yeah yeah yeah, dans un rock lourd qui ensuite s’élague, évite donc allègrement l’écueil. Johnnie Carwash fuzze, polit ses airs, brasse bruit et ritournelles comme à la parade. Je pense à Veruca Salt, parfois, pour l’alternance rage-mélopées. Slut skirt se saccade, sa basse lui refile de la souplesse et ses grattes défouraillent sévère, de pair avec des tambours en rut.
Après ce bazar enthousiasmant Napoléon, conquérant (aïe…), livre une pop nacrée…avant de castagner comme un grand dadais, sans trop réfléchir mais en instaurant, décisif, un foutu jus sonore. Johnnie Carwash étire sa cible, son panel, et ne se veut surtout pas linéaire. Shy, loin de l’être (timide, voulais-je dire…mais ça vaut aussi pour « linéaire »), syncope son rock et souffle des sons dépaysants. Voilà un skeud fringant, shooté à la compo concluante. U’re a dog, joueur lui aussi, poste ce même type de sons fantaisistes, d’un apport audible. Charme du chant, abords quasi 60’s, atmosphère déliée. Nothin’, à l’heure d’en finir, ne s’avère pas pire. Amorce en soie, puis raffut de derrière les fagots. A l’arrivée, dans l’électricité, on se cogne un disque solide, étayé par son lot de chansons de qualité égale et récurrente.